Ara : History Untold, un Anno à la sauce Civ

Ara : History Untold, un Anno à la sauce Civ

Pour infos

  • Prix60 euros (disponible sur le Game Pass PC)
  • Date de sortie24 septembre 2024
  • Dispo surPC
  • Modes multijoueursJcJ en ligne

En bref

On aime :

  • Le mélange intéressant entre Anno et Civilization
  • La beauté des cartes
  • Les villes qui s'étendent et évoluent sous nos yeux

On aime moins :

  • Son mode multijoueur lacunaire : ni hot seat, ni jeu en équipe !
  • Certains aspects du jeu trop superficiels
  • Ses parties bien trop longues
  • Son manque de finitions, difficilement acceptable à 60 euros

Le monde des 4X, ces jeux vidéo d’eXploration, d’eXpansion, d’eXploitation et d’eXtermination, est plutôt petit. Il y a encore quelques années, on ne trouvait d’ailleurs pas beaucoup de concurrents au fondateur et principal représentant du genre : Civilization. On ne va pas se mentir : on est sur un genre de niche, hyper codifié et distinguable entre mille avec ses grandes cartes vues du dessus, ses grandes civilisations qui s’étendent en larges couches colorées et ses unités surdimensionnées qui parcourent le monde à l’affût de ressources précieuses ou de cités à conquérir.

Pourtant, ces dernières années ont vu fleurir plusieurs titres dans le sillage de leur aîné, chacun tentant d’apporter sa pierre au genre avec de nouveaux mécanismes. On notera par exemple Humankind, par Amplitude, qui propose de changer de civilisation à chaque changement d’époque, Stellaris, le 4X spatial de Paradox ou Old World, dans lequel vous devez gérer votre dynastie à la Crusader Kings. Rien qu’en 2024, on a vu sortir Millenia en mars, que j’attendais grandement avant de passer mon chemin devant les avis mitigés des utilisateurs Steam, puis Ara : History Untold en septembre, qui aurait probablement subi le même sort s’il n’avait pas eu la judicieuse idée d’être disponible sur le Game Pass.

Avec Foine, nous apprécions de lancer une petite partie de Civilization en coop et en hot seat de temps en temps. Ara nous rendait curieux et nous avions l’occasion de le tester à un prix très raisonnable : nous nous sommes donc offert un week-end sur le jeu. Peut-être allions-nous découvrir un concurrent sérieux à l’un de nos jeux vidéo préférés ?

Ça ressemble à Civ… mais ce n’est pas vraiment Civ

Les dirigeants jouables dans Ara

Crevons l’abcès tout de suite : pour moi, Ara n’est pas vraiment du Civilization. En parcourant les avis Steam, je suis d’ailleurs tombée sur un commentaire positif que je partage totalement et qui résume, en substance : « On vous a vendu le mauvais jeu ». Après une quinzaine d’heures en solo et environ dix heures en multi, cela me semble assez évident : Ara, c’est en fait Anno déguisé en Civ. Je sais que Foine n’est pas d’accord avec moi et il développera son point de vue en fin d’article, mais si vous jouez à Civ avec l’objectif de dominer le monde et de soumettre les autres nations à grand renfort de puissantes unités ou de missionnaires zélés, passez votre chemin : Ara n’est pas pour vous. Le jeu d’Oxide Games s’apparente en effet plus à un Anno si on se fie à l’élément central de son gameplay : les chaînes de production.

Concrètement, Ara : History Untold vous demande de choisir une nation, comme dans Civ (mais contrairement à Civ, vous n’avez qu’un dirigeant possible) puis de vous installer quelque part sur la map en fonction des ressources environnantes avec votre colon, comme dans Civ. Vous allez ensuite développer vos différentes villes en construisant divers bâtiments et merveilles (les « triomphes »). Jusque là, rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous. Sauf que c’est justement là qu’Ara prend une autre voie. SI vous vous contentez de laisser vos nouveaux bâtiments tourner tout seuls, votre civilisation naissante va rapidement montrer ses limites. Il va falloir les OPTIMISER. C’est là que les chaînes de production entrent en jeu.

Comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessus à droite, une bonne partie de vos bâtiments produisent des ressources, utilisés pour booster votre production (« approvisionnement » en haut à droite). Par exemple, en début de partie, vous vous pourrez produire des charrues dans vos ateliers, charrues qui amélioreront la productivité de vos fermes. Les ateliers produisent aussi des outils qui… boostent la productivité des ateliers. Lorsque l’on est habitué à Civ, on peut vite passer à côté de cet aspect du jeu, qui est pourtant essentiel sur la durée.
Ces produits confèrent également des bonus divers à votre ville (les « commodités » à gauche sur l’image), sans lesquels vous progresserez très difficilement après quelques heures. Pour en revenir à ma comparaison à Anno, ces chaînes de production deviendront de plus en plus complexes avec le temps. Pour construire une école, il vous faudra par exemple produire des livres dans une église, à partir de papier produit par un moulin. On est donc assez loin d’un Civilization, qui vous demandera « seulement » de posséder une ressource de luxe pour booster le bonheur de votre cité ou d’avoir du fer pour produire des unités militaires plus avancées.

En passant votre souris sur une ressource, une fenêtre vous indiquera dans quels projets elle est utilisée (source : chaîne Youtube de Koinsky)

Et l’aspect militaire, justement, parlons-en. Après une vingtaine d’heures sur le jeu, il m’apparaît clairement que ce n’est pas sur cet aspect que les développeurs se sont concentrés. La gestion des unités est assez laborieuse et les combats militaires ne sont pas des plus palpitants. Une lacune assez révélatrice à mon sens : contrairement à Civilization, qui vous permet d’améliorer vos unités au fil des nouvelles technologies acquises, ici les unités ne peuvent pas évoluer. Si vous avez entraîné un archer en tout début de partie, il restera cet archer jusqu’à la fin. C’est un peu déroutant, en plus d’être un gâchis de ressources puisque cette unité deviendra vite obsolète.
Il y a de toute de mêmes de bonnes idées. Par exemple, vous pouvez mobiliser vos unités dans la ville de votre choix, indépendamment de la ville où elles ont été produites. Pratique en cas d’urgence. Il existe également un système de combo : si vous créez un régiment composé de certains types d’unités (deux archers et une unité au corps à corps, par exemple), il obtiendra un bonus. Tout n’est donc pas négatif, mais on sent que cette aspect passe au second plan. D’ailleurs, il n’existe pas de victoire militaire, tout comme il n’existe pas de victoire religieuse, culturelle ou scientifique. C’est une autre spécificité de Ara : un seul type de victoire est possible, celle obtenue par le prestige.
Toutes les actions que vous menez vous confèrent du prestige. C’est la seule manière de passer devant vos concurrents. A la fin de chaque acte (il y en a trois), les nations les moins prestigieuses seront éliminées purement et simplement du jeu et leurs villes seront rayées de la carte.

Enfin, côté diplomatie, je ne m’éternise pas car cela m’a semblé assez superficiel. Par exemple, il n’est pas possible (ou alors je n’ai pas trouvé) d’échanger un certain type de ressources sur une durée que j’aurais choisie. L’attitude de vos adversaires à votre égard peut également être déroutante.
Chaque dirigeant dispose de trois traits de personnalité. Votre dirigeant sera appréciés par ceux qui les partagent et détesté par ceux dont le caractère est opposé. Jusqu’ici, c’est logique. Le problème, c’est que certains dirigeants vont parfois vous prendre soudainement en grippe sans explication ! C’est une situation assez frustrante. Néanmoins, les fans de Civilization savent que la diplomatie est souvent le point faible des IA dans ce type de jeu.

Un jeu taillé pour le solo ?

Bref, on papote, on papote, et on n’a toujours pas parlé du multijoueur. Il faut dire que les différences entre Ara et son illustre aîné méritaient qu’on s’attarde un peu. Je développerai mon avis en bas d’article, comme d’habitude, mais je peux d’ores et déjà dire que j’aime beaucoup le jeu. Je partais pourtant avec un a priori plutôt négatif puisque les avis Steam étaient mitigés (65% à l’heure où j’écris ces lignes).

En revanche, la dimension multijoueur n’est pas des plus convaincantes. Elle est même plutôt à la traîne par rapport à ce qui se fait d’ordinaire aujourd’hui.

En début d’article, j’ai expliqué qu’avec Foine, nous aimions jouer à Civilization en coop et en hot-seat. Pour rappel, le hot seat permet de jouer chacun son tour sur le même écran. Eh bien sur Ara, vous ne pouvez faire ni l’un, ni l’autre ! Le jeu étant basé sur des tours simultanés, il ne permet pas de jouer en hot-seat : vous jouez en même temps, donc forcément sur deux ordinateurs séparés, avec deux jeux. Première frustration. Mais en plus, et c’est un choix incompréhensible : il n’est pas possible de former d’équipe ! On joue forcément chacun pour soi. Lorsqu’on joue avec Foine, on se met généralement tous les deux dans la même équipe afin de jouer vraiment ensemble et de partager facilement nos informations. Lors de notre partie d’Ara, nous sommes donc convenus de jouer en coopération « non officielle » mais ce n’était pas très pratique. Impossible notamment de savoir où l’autre était placé sur la carte… Et cette carte étant grande, nous avons mis du temps à nous retrouver !
Autre regret : il n’est pas possible de gérer la difficulté des IA au cas par cas. Par exemple, vous ne pouvez pas mettre certains adversaires en difficulté moyenne et d’autres en difficulté difficile ou très difficile. Tout le monde est au même niveau. C’est dommage, surtout compte tenu du grand nombre de crans de difficulté proposés !

Les paramètres de création d’une partie multijoueur

Enfin, un autre point sur lequel je voulais revenir : la longueur des parties. Le studio vante un mode multijoueur très souple, où il est même possible de jouer en asynchrone : vous pouvez vous connecter à votre partie multi, jouer votre tour et revenir plus tard. Le souci, c’est qu’une partie où les joueurs jouent en même temps est déjà terriblement longue ! A deux, il nous a fallu plus de neuf heures pour terminer le premier acte (sur trois, je le rappelle)…

Du haut de cette pyramide, 10 heures de jeu nous contemplent…

Au terme de ces dix heures de jeu en multijoueur, un constat s’impose : les interactions entre les joueurs sont assez limitées et on s’est vite retrouvés à manager notre civilisation chacun dans notre coin.
Même lorsqu’on est en guerre, les affrontements sont assez anecdotiques et si, comme Foine, vous préférez gagnez du prestige sur le front de la religion, ce ne sera pas beaucoup plus intéressant : l’impact des missionnaires est assez erratique et difficilement mesurable puisqu’on ne peut pas suivre la situation religieuse de notre nation de manière précise, ville par ville. Pendant notre partie, Foine tentait de convertir certaines de mes villes en même temps qu’une IA, mais il n’y est jamais parvenu sans que l’on comprenne pourquoi. J’avais parfois une notification m’indiquant que telle religion était désormais majoritaire dans telle ville mais je n’ai jamais trouvé de données plus précises que le nombre d’habitants de ma nation entière ayant adhéré à une religion ou à une autre.

Bref, les amateurs de domination mondiale risquent de rester sur leur faim.

L’avis de Eliwenn

Soyons clair : même si Ara est perfectible, c’est pour moi un très bon jeu, sur lequel je me suis bien amusée. Je suis contente qu’il soit sorti sur le Game Pass, sans quoi je serais complètement passée à côté. Je pense qu’il ne mérite pas son évaluation moyenne sur Steam et qu’il pâtit surtout d’une mauvaise communication en amont. Si vous espérez une copie de Civilization, passez votre chemin, Ara ne répondra pas à vos attentes. En revanche, si vous cherchez un bon jeu de gestion qui vous tiendra en haleine de nombreuses heures, prenez un abonnement au Game Pass et testez-le : vous ne devriez pas être déçu.

Malheureusement, Ara : History Untold n’est clairement pas au niveau de son aîné en matière de multijoueur. Les options de personnalisation sont lacunaires, l’interaction entre les joueurs limitée et, surtout, les parties sont bien trop longues ! Au rythme où nous allions avec Foine, il nous aurait fallu 30 heures pour en voir le bout. Pas facile de réunir ses amis sur un temps aussi long ! Alors certes, le système permet de jouer en asynchrone, offrant aux joueurs la possibilité de jouer leur tour quand ils le peuvent. Mais dans ce cas, la partie risque de durer des mois, ce qui n’est pas forcément plus engageant.

En résumé, déception pour l’aspect multijoueur. Je ne pense pas que nous le relancerons ensemble avec Foine, à moins que des mises à jour futures donnent de la profondeur aux aspects militaires, religieux et diplomatiques.

Pour finir, un point dont je n’ai pas du tout parlé dans le test : Ara est beau ! C’est un vrai plaisir de jouer sur cette carte et de voir nos cités évoluer au fil des époques. Dommage de voir apparaître régulièrement des variables dans les boîtes de texte, ce qui laisse un goût d’inachevé à l’ensemble. Des oublis qui ne devraient pas se trouver dans un jeu à 60 euros.

L’avis de Foine

Vous l’aurez compris, avec Eliwenn, on ne badine pas avec les 4X. C’est un genre qui nous a réunis et qui continue encore aujourd’hui à nous visser à nos chaises pendant des heures. On a donc beaucoup d’attentes quand on teste un jeu du genre.

Ara n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Je trouve même l’ajout des chaînes de production à optimiser extrêmement intéressant. Malheureusement, les autres aspects qui fondent le genre du 4X sont trop en deçà pour en faire un véritable challenger du genre.

Le rythme est lent. Trop lent. On est beaucoup trop passifs sur certains aspects. En effet, que ce soit la religion ou le militaire, les combats vous demandent juste d’envoyer votre unité au bon endroit et d’attendre. Les possibilités tactiques me semblent trop limitées. On pourrait croire que c’est anodin, mais quand dans Civilization, vous devez faire bouger, chaque tour, vos unités, ça vous implique dans le conflit. Dans Humankind, une petite carte tactique s’ouvre et vous devez « micro manager » chaque affrontement. Dans Ara, vous mettez ça de côté et attendez.

Bref, soit Ara a été mal vendu, soit il essaye d’être ce qu’il n’est pas. C’est dommage car il ne réussit ni à être un bon 4X, ni un très bon Anno. Il a « le cul entre deux chaises » et il y est coincé.

C’est triste car il aurait mérité d’être plus que ce mélange un peu douteux.

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