Mage knight : la vallée de mana

Dans le vaste monde des jeux de société, il y a les petits jeux d’apéro, les jeux familiaux, les gros jeux et… Mage Knight.

Mage Knight, c’est un peu l’alpha et l’omega du jeu de plateau : exploration, combat, deck building, pions, dés, figurines, en coopération ou en compétitif… Rien d’étonnant à ce qu’une partie éclair demande entre 4 et 6 heures (et autant pour la première lecture des règles. On exagère à peine).

Sur le principe, Mage Knight n’a pourtant rien de compliqué. Chaque joueur incarne un Chevalier-Mage (*wink wink*), qui doit explorer une région créée aléatoirement afin de remplir une mission : tuer un boss, conquérir une cité…  Pour ce faire, il dispose d’un deck de cartes propre à son personnage. C’est par son biais qu’il va réaliser l’ensemble des actions possibles : se déplacer, combattre, se soigner, recruter… Bien sûr, le deck de départ est très limité et il serait suicidaire de foncer tête baissée vers l’objectif. Les premières manches consistent donc surtout à aller casser du monstre, s’arrêter dans des villages, assaillir une tour de mage ou un petit monastère… pour gagner en expérience, recruter des sbires ou ajouter des cartes plus puissantes à son deck.
Lorsque vient son tour, le joueur peut choisir d’utiliser tout ou partie de sa main pour effectuer une ou plusieurs actions. Mais attention à utiliser ses cartes avec parcimonie ! Lorsque le deck d’un joueur est vide, on sonne la fin de la manche et on passe à la suivante. Une partie étant limitée à un certain nombre de manches, mieux vaut y aller mollo et optimiser ses actions au maximum. Croyez-nous, on n’a jamais trop de temps dans Mage Knight.

Oubliez le Dr Kawashima, MK est là

Voilà, ça, c’était pour la théorie. Dans la pratique, préparez-vous à vous faire des nœuds au cerveau. Le livret de règles n’est pas toujours clair et, soyons honnêtes : on voit difficilement comment ça aurait pu être mieux vu la richesse du titre. Certes, on dispose d’un scénario de découverte pour faire ses premiers pas en douceur mais, par définition, il ne fait qu’effleurer la surface.
C’est notamment au niveau des combats que les choses se corsent. Aux règles de base complexes et pas franchement intuitives s’ajoutent de nombreuses résistances et capacités spéciales. Du coup, résoudre une baston tient souvent de l’énigme mathématique : « Alors attends, il est fortifié donc les attaques à distance sont sans effet mais je peux utiliser mon attaque de siège- ah non, il a une résistance physique… alors je prends son coup et j’encaisse les blessures- ah oui mais il est insaisissable donc il faut que je lui fasse deux fois plus de dégâts si je ne bloque pas… ». Et ça, c’est un exemple simple. 

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, ajoutons que Mage Knight est DUR. Oui, on l’a mis en majuscules et en gras pour que vous compreniez bien. Le jeu ne vous fait aucun cadeau et vous allez prendre cher à la seconde où vous foulerez le sol de cette contrée hostile. Les ennemis sont généralement très puissants, bénéficient souvent d’avantages que vous n’avez pas (mention spéciale aux remparts, qui protègent les monstres mais pas vous) et, en début de partie, on a carrément l’impression de partir batailler à poil armé d’un cornet Miko.

Plus qu’un jeu, une épreuve de marathon

On l’a évoqué plus tôt, attardons-nous maintenant sur la durée d’une partie. C’est long. Très long. Et comme il y a énormément de matériel sur la table (voir ci-dessous), on peut difficilement sauvegarder pour continuer plus tard.

A 4 joueurs, comptez environ 1h30 par manche, sachant qu’une partie « éclair » en compte 4 et qu’une partie normale en compte 6. Un conseil : sortez à boire (un peu), à manger (beaucoup) et faites une pause toutes les deux manches pour garder vos neurones aérés, vous en aurez besoin. Mage Knight implique en effet d’optimiser chaque action avec soin. A chaque tour, vous devrez comboter un maximum pour faire le plus d’actions possibles en un minimum de cartes. Évitez par exemple d’abuser de la règle qui vous permet de sacrifier une carte pour gagner un point dans une action, sous peine de voir votre deck fondre comme neige au soleil.

L’union fait la force (un peu)

Nous en parlions plus haut, le jeu peut se jouer en coopération ou en compétitif. Plusieurs scénarios vous sont proposés en fonction de votre humeur et de votre temps. Dans une partie en coopération, vous travaillerez de concert pour atteindre un objectif commun. En compétitif, en revanche, vous devrez non seulement vous battre contre les éléments, mais aussi contre vos adversaires. Il est toutefois préférable de se serrer les coudes dans les premières parties, histoire de se familiariser avec les mécaniques de ce jeu impitoyable. On vous a dit à quel point c’était DUR ?

Mais alors, nous direz-vous, comment fait-on pour devenir un super-chevalier et avoir une chance de battre le jeu sans tricher comme un sagouin ? On serait bien tentés de vous rire au nez de façon méprisante en vous traitant de jeunes naïfs mais on va quand même vous laisser un peu d’espoir.

Si vous jouez un peu aux jeux vidéo, et notamment aux RPG, vous serez en terrain conquis. La progression repose en effet sur un système à base de points d’expérience et de niveaux. Lorsque vous tuez des monstres, vous gagnez des points. Lorsque vous avez acquis un certain nombre de points, vous gagnez un niveau. Si c’est un niveau pair, vous obtenez une carte action avancée et une compétence spéciale. Si c’est un niveau impair, votre limite d’armée augmente, ce qui vous permet de recruter de nouveaux sbires. A partir du niveau 5, votre armure et la taille de votre main sont également augmentées.

Si cela ne suffit pas (et ça ne suffira pas), il faudra vous lancer dans l’exploration. En prenant d’assaut une tour de mage, vous pourrez par exemple ajouter des sorts à votre deck. En fouillant des ruines, vous trouverez peut-être un artefact puissant. Des petites choses qui, vous le comprendrez vite, seront essentielles à votre survie.

Bref. Si vous êtes arrivé jusqu’ici, vous savez désormais en quoi consiste Mage Knight dans les grandes lignes. Évidemment, vous vous doutez qu’on ne vous a pas parlé de tout (mana, cycle jour/nuit, réputation, impact du terrain sur vos déplacements…) mais on ne veut pas vous effray- on veut garder un peu de suspense. Donc on va juste vous dire ce qu’on en a pensé (en tâchant de trouver des synonymes à « long » et « difficile »).

L’avis de Eliwenn

Mage Knight est long et dif- ok, je pense qu’on l’a tous compris. Mais Mage Knight est surtout un excellent jeu d’une richesse incroyable. Certes, les débuts de partie sont brutaux et on peut vite se sentir découragé par la difficulté qu’il oppose. Et puis on progresse, on améliore son deck, on récupère des artefacts ou des sorts bien bourrins, on recrute des alliés plus puissants… Petit à petit, on se voit devenir meilleur et on commence à prendre un malin plaisir à affronter les nombreux ennemis qui se dressent sur le chemin. Le sentiment de progression est bien présent et c’est extrêmement jouissif.

Alors oui, Mage Knight est un jeu de niche. Ne pensez même pas à le proposer à des gens qui ne seraient pas déjà familiarisés avec d’autres gros titres, sous peine de les voir décrocher avant même d’avoir fini l’explication des règles. Mais si vous avez autour de vous des amateurs de Scythe ou Civilization, cela vaut le coup de les initier. Par contre, n’oubliez pas de les prévenir qu’ils ne feront rien d’autre de leur journée et prévoyez une bonne réserve de bières et de chips !

L’avis de Foine

Ces derniers temps on a beaucoup parlé de jeux simples, rapides, faciles à comprendre. Imaginez donc l’inverse, mettez-le à la puissance de 12, et vous pourrez imaginer ce qu’est Mage Knight.

Sans blaguer, c’est vraiment le plus « gros » jeu de plateau auquel j’ai joué de toute ma vie. Il est massif, par le matériel, les règles et sa profondeur. J’aurai rarement autant réfléchi avant de jouer la moindre carte. Construire son deck, choisir ses troupes, calculer ses déplacements… Tout dans ce jeu doit être savamment mesuré pour être certain que ça ne vous coûte pas la partie.

Et pourtant, malgré cette montagne de difficulté, Mage Knight est un excellent jeu. Il est excessivement gratifiant de trouver la bonne combinaison pour gagner face à l’adversité. Si je voulais faire un parallèle éculé et qui n’aurait aucun sens, je dirais que Mage Knight est le Dark Souls des jeux de plateaux. Chaque action que vous entreprendrez doit être mûrement réfléchie par rapport à votre main, les cartes restantes dans votre deck, et vos alliés. Et c’est la punition qui vous attendra si jamais vous avez mal préparé votre coup.

Bref Mage Knight, c’est génial, mais ça se mérite. On ne peu décemment pas conseiller ce jeu à tout le monde. En revanche, si Civilization, Andor ou Horreur à Arkham vous semblent être des petits jeux, alors, non seulement vous êtes très bizarre, mais en plus vous pouvez sans aucune hésitation vous jetez sur Mage Knight. Il saura combler l’amateur de règles complexes que vous semblez être.
Les teammates Écrit par :

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