Heat met le baquet
Le jeu de course cycliste Flamme rouge avait été l’un de nos coups de cœur de l’année 2017. Alors forcément, lorsque Heat a montré le bout de son capot, notre curiosité a tout de suite été piquée.
Heat est un jeu de course automobile pour 1 à 6 joueurs, édité par Days of Wonder. Et si l’on a commencé par vous parler de Flamme Rouge, c’est parce qu’il repose sur des mécaniques similaires.
Dans Heat comme dans Flamme Rouge, les joueurs s’affrontent dans une course effrénée avec un objectif : passer la ligne d’arrivée avant leurs adversaires. Bon, jusqu’ici, pas de surprise, j’imagine que tout le monde sait ce qu’est une course.
Pour ce faire, les joueurs disposent d’un deck de cartes, chacune permettant d’avancer d’une ou plusieurs cases sur le circuit. En début de manche, ils sélectionnent un certain nombre de cartes qu’ils conservent face cachée jusqu’à leur tour, un peu à la façon d’une enchère. Il s’agit donc de prévoir le nombre de cases à parcourir pour doubler ses concurrents ou, au minimum, ne pas se laisser distancer.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Flamme rouge, je vous renvoie sur notre billet dédié car maintenant, on va se concentrer sur Heat, « Pedal to the metal » en VO.
Pas de chichi dans les chicanes
Heat vous met dans la combi d’un pilote automobile. Quatre circuits vous sont proposés dans la boîte de base (France, Italie, Royaume-Uni et États-Unis) qui se différencient notamment par… leurs virages. Car c’est bien sur ce point que le jeu va tester vos capacités de conduite et, surtout, votre maîtrise de la vitesse. En effet, il faudra choisir vos cartes avec soin pour mettre le pied au plancher dans les lignes de droite et négocier les virages en douceur. Une vitesse excessive et ce sera le tête-à-queue assuré ! Vous pourrez cependant prendre quelques risques pour semer vos adversaires en jouant des cartes Heat, qui vous permettront de prendre les courbes sans trop ralentir. Mais attention à ne pas en abuser : ces cartes rejoindront votre deck et prendront potentiellement la place d’une carte Vitesse dans votre main.
Les cartes Heat vous offrent également une plus grande flexibilité dans votre stratégie. Concrètement, au début de votre tour, vous déterminez la position de votre levier de vitesse, de 1 à 4. C’est le nombre de cartes que vous devrez poser dans cette manche. D’une manche à l’autre, ce levier pourra varier de +/- 1, ou de +/- 2 si vous consommez une carte Heat. Les vitesses 3 ou 4 vous permettront de mettre la gomme en posant plusieurs cartes mais, à basse vitesse, vous pourrez refroidir votre moteur, c’est-à-dire retirer des cartes Heat qui occuperaient votre main. Vous le comprendrez très vite : dans Heat, tout est question d’équilibre.
Un petit mot aussi sur les cartes Stress, qui vont vous faire transpirer. Vous pouvez décider de jouer l’une d’entre elles au lieu d’une carte Vitesse en début de manche. Dans ce cas, votre progression sur le circuit dépendra de la première carte Vitesse que vous piocherez dans votre deck. Attention à bien estimer les risques d’une telle manœuvre, sous peine de finir dans le décor au prochain virage… ou de voir s’échapper vos adversaires.
Pimp my game
Ça, c’est pour les principes de base. Vous pouvez jouer à Heat ainsi, ou intégrer des modules pour complexifier vos parties :
- Le module « Atelier » vous permet d’intégrer des cartes Amélioration à votre deck, qui donneront plus de souplesse à votre jeu
- Le module « Météo et État de la piste » place des bonus et des malus le long du circuit
- Le module « Légendes » ajoute des pilotes virtuels, que vous pouvez utiliser en solo comme en multijoueur.
Et ces légendes, parlons-en, car c’est un super ajout pour le jeu à deux joueurs. En effet, même si vous n’êtes que deux pilotes humains autour de la table, vous allez pouvoir affronter jusqu’à cinq concurrents ! Le système d’IA, bien conçu, est très simple à mettre en place et offre un vrai défi. Avec Foine, nous ne pouvons plus nous en passer ! C’est d’autant plus appréciable que Heat dispose d’une règle liée à l’aspiration, qui vous permet d’avancer gratuitement de quelques cases si vous vous terminez votre tour à côté ou derrière une voiture. Inutile de préciser qu’à deux, cette occasion se présente plus rarement qu’à six…
Virée à la campagne
Cerise sur le capot, Heat vient avec une système de campagne : le Championnat. Le jeu vous propose de jouer trois saisons historiques, 1961, 1962 et 1963. En choisissant ce mode, vous allez enchaîner trois ou quatre courses définies, à chaque fois sur un circuit différent, en incluant les modules Ateliers et Météo. Vous recevrez également le soutien de sponsors, qui sont des cartes bonus à usage unique que vous pourrez également gagner en impressionnant la presse présente aux abords du circuit. Enfin, un événement de début de course imposera un changement de mise en place ou des règles particulières.
Vous conserverez votre deck d’une partie à l’autre, avec ses cartes Améliorations et, surtout, vos cartes sponsors inutilisées. Il y a donc un léger aspect deck-building, dans le sens où votre connaissance des circuits vous incitera à jouer ou à conserver certaines cartes pour les circuits futurs.
L’avis de Eliwenn
J’adore Flamme Rouge et Heat, c’est Flamme Rouge en mieux. Plus de complexité, plus de stratégie, des plateaux circuits très jolis avec différentes caractéristiques et ambiances… Surtout, le système de Légendes permet de s’engager comme une course prenante avec de multiples adversaires quel que soit le nombre de joueurs humains. C’est un ajout extrêmement appréciable ! Jouer beaucoup à deux, c’est accepter que certains jeux ne délivreront pas leur plein potentiel et cela aurait sans doute été le cas avec Heat. Là, c’est parfait. Le système prend en compte l’endroit où les pilotes virtuels se trouvent sur le circuit (avant ou après un virage notamment) pour les faire progresser de manière réaliste. Et, bien que les premières parties aient été difficiles car nos concurrents nous laissaient dans le vent, nous avons petit à petit amélioré notre jeu et réussissons maintenant à rester en course, voire à gagner !J’aime aussi le léger côté deck-building, lorsque vous choisissez des améliorations ou des sponsors pour votre véhicule. En mode Championnat, il y aura un vrai questionnement concernant ces cartes sponsors puisqu’une fois utilisées, elles seront perdues ! On a donc toujours ce petit doute au moment d’en jouer une : « Ne va-t-elle pas me manquer plus tard ? ».
Une petite déception peut-être sur l’aspect Météo, qui a finalement peu d’influence sur la course. Les effets de la météo n’impactent qu’une petite portion du circuit, et pas vraiment de manière significative. J’aurais préféré des règles particulières qui s’appliquent à l’ensemble de la course. Par exemple, l’obligation de jouer une carte stress si la route est mouillée ou avoir plus de contrôle sur notre bolide quand la météo est ensoleillée.
Malgré ce petit bémol, je suis très contente de Heat. Je retrouve vraiment le plaisir que j’avais sur Flamme Rouge et sa dimension plus stratégique en font pour moi un incontournable. De plus, il est riche en contenu, s’adapte aux nombre de joueurs, les parties sont relativement courtes (environ une heure), ça s’installe rapidement et les règles sont assez simples. Que demander de plus ? C’est un excellent jeu à deux, mais aussi l’un des jeux que l’on n’hésitera pas à apporter aux soirées entre amis.
L’avis de Foine
Difficile de passer après Eliwenn pour écrire mon avis sur Heat car j’ai le même. J’adorais Flamme Rouge et je le trouve surpassé par Heat sur presque tous les points.Alors oui, Flamme Rouge avait pour lui la modularité du plateau, qui permettait d’avoir beaucoup de possibilité de tracés, mais je trouve les 4 circuits de Heat suffisants. En effet, bien connaître un circuit est un élément important dans la course automobile et on a vraiment un sentiment de progression au fur et à mesure que les parties s’enchaînent. C’est donc très agréable. De plus, les effets d’état de la piste peuvent beaucoup changer la physionomie d’une course, ce qui est toujours un plus pour la rejouabilité.
Comme Eliwenn, je trouve dommage le manque d’influence de la météo. J’aurais préféré qu’un piste détrempée par la pluie soit plus difficile à négocier, mais j’imagine que cela aurait rallongé inutilement les parties. C’est tout de même dommage car on n’est pas aussi immergé qu’on aurait pu.
Les championnats sont quant à eux un très bel ajout, là encore pour donner un peu de piquant et de rebondissements aux courses. La tension donnée par le classement est particulièrement agréable et on se surprendra à serrer les dents quand le concurrent que l’on doit absolument battre pour conserver sa position au général nous double dans le dernier virage.
L’ajout des IA donne toute sa saveur au jeu car il faut bien avouer qu’à deux sur la piste, ce serait un peu triste. A six, le trafic est dense et on devra lutter pour faire un bon score.
Bref, Heat est un excellent jeu. Simple à comprendre, facile à apprécier et toujours exaltant. Le numéro d’équilibriste à effectuer pour ne pas faire surchauffer son moteur est un véritable plaisir, et il me tarde de retourner faire brûler de la gomme (imaginaire).
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